L’inflammation (chronique ou aïgue) sous-tend toute une variété de problèmes de santé allant de la simple sinusite à l’ostéoporose, l’hépatite, l’Alzheimer et autres. Qu’est-ce que l’inflammation ? Et comment la maîtriser de façon naturelle ? Véronique Traynard, docteur en physiologie de la nutrition et chef de projet et développement dans un laboratoire de compléments alimentaires à Strasbourg nous en parle.
Quelle est la différence entre inflammation chronique et inflammation aiguë ?
Véronique Traynard : « La réponse inflammatoire aiguë est caractérisée par une activation du système immunitaire et se déroule en plusieurs étapes distinctes et complémentaires. Chaque type de cellule immunitaire et agents de l’inflammation ont un rôle bien spécifique dont l’action est coordonnée avec les autres membres du système immunitaire.
- Les plaquettes sont activées pour favoriser la coagulation sur le site de la lésion.
- Les mastocytes favorisent la dilatation des vaisseaux pour une livraison accrue de sang, plasma et cellules sur le site de lésion.
- Les neutrophiles et les macrophages (cellules appartenant aux globules blancs) tuent et enlèvent progressivement les pathogènes du site de lésion
- Les macrophages sécrètent des cytokines (hormones du système immunitaire) qui attirent et augmentent le recrutement des cellules immunitaires pour activer la réparation du tissu.
La réponse inflammatoire continue jusqu’à ce que le corps étranger/pathogène externe, soit détruit complètement, le tissu est réparé et l’inflammation est résolue. L’inflammation aiguë est toujours caractérisée par des rougeurs, de la chaleur, un gonflement associé à une douleur plus ou moins intense. Ces manifestations cliniques sont le signe, tout comme la fièvre, que l’organisme est en train de lutter contre l’inflammation conduisant à la résolution de l’inflammation. Si l’inflammation se prolonge dans le temps et n’est pas contrôlée, le système immunitaire est trop sollicité, ayant pour conséquence un recrutement et une infiltration de cellules immunitaires anormales dans le tissu initialement blessé et une augmentation de la synthèse d’agents pro-inflammatoires qui vont entretenir l’inflammation. L’inflammation chronique est souvent liée à une hypoxie du tissu (manque d’oxygène) et un stress oxydatif qui entretiennent l’inflammation, entraînant un cercle vicieux. Elle est généralisée progressivement à plusieurs organes où la résolution de l’inflammation n’est pas présente. Les tissus sont simultanément détruits et réparés, mais où aucun processus de résolution de l’inflammation n’est finalisé. Le système immunitaire est moins performant et réagit moins face à l’inflammation chronique. Le métabolisme cellulaire ralentit progressivement et se dérégule.
Quelles en sont les causes ?
L’inflammation chronique ou aussi nommée systémique est favorisée par différents facteurs liés à notre mode de vie actuel notamment dans les pays occidentaux industrialisés comme la sédentarité, un régime trop riche en graisses saturées,en oméga 6 et en sucres simples, la consommation excessive de tabac et d’alcool, le stress, le manque de sommeil, les contaminants de l’environnement (pesticide,herbicide, perturbateur endocrinien, plastique…) et l’obésité. En cas d’obésité, les cellules graisseuses en particulier de l’abdomen sécrètent des adipokines, molécules agissant comme des hormones et ayant un rôle dans une variété de fonctions : le métabolisme énergétique, la pression artérielle, le système immunitaire. Elles peuvent être soit anti ou pro-inflammatoires. Chez un individu de poids normal, il y a un équilibre entre les adipokines pro et anti-inflammatoires alors que chez un individu obèse, la sécrétion des adipokines est et faveur de celles ayant une action pro-inflammatoire.
Quels sont les risques de l’inflammation chronique sur notre santé ?
L’inflammation chronique est le dénominateur commun
à de nombreuses maladies chroniques comme le diabète, l’obésité, l’athérosclérose, le psoriasis, l’arthrite,l’asthme, les maladies pulmonaires obstructives chroniques, Parkinson,Alzheimer, l’hépatite et l’ostéoporose. Elle joue un rôle dans l’installation et la progression de ces maladies chroniques. Quelques exemples : L’inflammation chronique joue un rôle dans la déstabilisation de la plaque d’athérome (dépôts de lipides qui se forment dans la paroi des artères) qui déclenche des complications thrombo-emboliques (apparition d’un caillot sanguin dans une veine qui altère la circulation sanguine).Les cytokines inflammatoires déclenchent une réaction auto-immune contre les cellules de l’appareil respiratoire en cas d’asthme. L’inflammation chronique favorise et entretient l’insulino-résistance et le stress oxydatif, deux composantes présentent dans le diabète de type 2. Les cytokines inflammatoires interfèrent dans le remodelage osseux favorisant la perte osseuse, participant à l’installation de l’ostéoporose. Une étude dans la revue JAMA a démontré que les personnes dépressives présentaient une inflammation au niveau cérébral.
L’inflammation est liée aux symptômes dépressifs. Chez des patients atteints d’Alzheimer, des taux initiaux élevés de marqueurs pro-inflammatoires dans le sang sont associés à un déclin cognitif quatre fois plus rapide après six mois. Les patients présentant des événements inflammatoires systémiques comme des infections intestinales ou respiratoires présentaient un déclin cognitif deux fois plus important.
Quels sont les aliments dits anti-inflammatoires ? Et quel régime alimentaire privilégié ?
Certains aliments contiennent des molécules anti-inflammatoires comme le curcuma, les légumes verts, les aliments riches en oméga 3 comme l’avocat, les noix et noisettes, l’huile de colza,l’huile d’olive. Les baies rouges comme les cerises, les myrtilles, les mûres sont riches en polyphénols qui ont aussi une action anti-inflammatoire. Un régime varié et équilibré riche en poissons gras contenant des oméga 3, en fruits et légumes est à conseiller avec un apport limité en graisses saturées et sucres raffinés.
Vous travaillez sur la phycocyanine, molécule extraite de la spiruline pour ses vertus anti-inflammatoires. Pouvez-vous nous en parler ?
La phycocyanine est un pigment bleu présent dans toutes les algues bleu vert comme la spiruline. Cette molécule est reconnue pour ses propriétés antioxydantes et anti-inflammatoires. Elle inhibe une enzyme pro-inflammatoire nommée COX-2 (cyclo-oxygénase 2) qui une fois activée déclenche la production de médiateurs pro-inflammatoires.
L’inhibition de COX-2 est un des mécanismes d’action courant de nombreux médicaments anti-inflammatoires non stéroïdiens. Nous avons développé un extrait de spiruline concentré à 30% de phycocyanine donc en moyenne 4 fois plus concentré en phycocyanine que la spiruline standard. Le séchage est réalisé à froid et l’extraction sans solvants ni additifs synthétiques ».
Consultez l’article du docteur Traynard pour plus d’informations sur les mécanismes de l’inflammation chronique.