Aujourd’hui il est difficile de s’y retrouver entre intolérance au gluten, maladie cœliaque, allergie au gluten, réels bénéfices du régime sans gluten ou bien phénomène de mode ! nous faisons le point.
1 personne sur 100 en France et en Europe sont touchées par la maladie cœliaque avec 2 fois plus de risque chez les femmes et 80 à 90% des personnes qui l’ignorent.[1],[2]
Maladie cœliaque : quèsaco ?
La maladie cœliaque est une maladie auto-immune provoquant une intolérance permanente à une ou plusieurs fractions protéiques du gluten de certaines céréales (blé-froment, blé de khorasan (kamut), épeautre, orge, seigle (triticale), boulgour, et l’avoine (contamination croisée)). Ainsi, notre corps va considérer ces fractions comme du non-soi, étranger, et va donc déclencher une réaction immunitaire de protection (formation d’anticorps anti-transglutaminase IGA), provoquant une réaction inflammatoire de l’intestin.
Suis-je à risque ?
Les personnes à risque sont les enfants et fratries des patients cœliaques, les personnes atteintes de maladies auto-immunes telles que le lupus, la polyarthrite rhumatoïde, le diabète de type 1, syndrome de Down, de Turner …, les patients souffrant d’ostéoporose précoce, les femmes ayant des troubles de la fécondité, des fausses couches à répétitions. Si une origine génétique reste incertaine[3], les facteurs environnementaux, infectieux, viraux[4] ou bactériens pourraient être mis en cause. (Découvrez une solution naturelle pour lutter contre le [diabète]).
Quels en sont les symptômes ?
L’atrophie (réduction) des villosités intestinales engendrée par cette intolérance va induire une mauvaise absorption des nutriments (fer, calcium, acide folique…) à l’origine de ballonnements intestinaux, de flatulences, de nausées et vomissements, d’une digestion difficile avec des diarrhées ou à l’inverse une constipation chronique, provoquant un amaigrissement, mais également des retards de croissance chez l’enfant.
La mauvaise absorption des vitamines va induire des crampes musculaires, douleurs osseuses et des problèmes de coagulation sanguine. Chez la femme, les règles peuvent être douloureuses, les troubles de la fertilité ainsi que les fausses couches sont plus nombreux. Des troubles extra-intestinaux peuvent également se manifester comme des troubles mentaux, dermatologiques et musculaires.
Différence entre maladie cœliaque et allergie au blé ?
L’allergie alimentaire (au blé ou au gluten par exemple) est une réaction démesurée du système immunitaire par rapport à cet (ces) aliment(s). Si l’allergie au blé et l’intolérance au gluten (maladie cœliaque) font intervenir toutes les deux des mécanismes immunitaires, ceux-ci sont différents et dans le cas de l’allergie, les symptômes apparaissent très rapidement après l’ingestion : éruption cutanée, démangeaisons, difficultés respiratoires, œdème de Qunicke (IgE) voire un choc anaphylactique. Ces manifestations allergiques sont plus connues dans le cadre des allergies aux arachides, aux piqûres d’abeille et de guêpe par exemple. Des troubles digestifs peuvent également apparaître. Les tests sérologiques en revanche seront négatifs.
Côté dépistage ?
- Un questionnaire médical
- Un dosage sanguin d’anticorps (Ig A, Ig G)
- Une endoscopie et de biopsies duodénales (atrophies villositaires)
- Tests génétiques (HLA)
- Régime sans gluten et réévaluation des paramètres
Et l’innovation ?
Il existe aujourd’hui un autotest simple à faire chez soi, fiable à 98,8%. L’autotest Gluten® de deuxième génération va associer la recherche d’IGA anti-transglutaminase et celle d’un déficit en IGA totale.[5]
À SAVOIR ! Dans le cas d’une suspicion de maladie cœliaque, ne pas débuter de régime sans gluten sans avis médical et sans avoir réalisé les tests de dépistage. Il pourra être très difficile de présenter une analyse claire si sa consommation a été supprimée. Cette difficulté de diagnostic entraînera un retard de prise en charge et l’apparition de complications graves.
Je suis intolérant(e) au gluten que faire ?
Actuellement il n’existe pas de traitements contre cette intolérance et le régime sans gluten doit être ce remède. S’il est assez facile d’éliminer les céréales et les farines mises en cause, le gluten se cache également dans les aliments préparés. Il sert souvent de liant dans les yogourts aux fruits, la crème glacée, des mélanges à chocolat chaud, des cubes de bouillon, dans les conserves, les soupes … et se cache sous plusieurs noms (malt, amidon de blé, d’orge, de seigle …), protéines végétales hydrolysées et protéines végétales texturées. Ils seront également à bannir de l’alimentation, soyez vigilant(e)s, lisez bien les étiquettes. Privilégiez une alimentation riche en produits frais et la moins transformée possible. Ces recommandations ne se substituent pas à l’avis d’un professionnel de santé et ensemble vous pourrez mettre en place ce régime en y associant si besoin un renfort en vitamines, minéraux et oligo-éléments.
Quels risques d’une alimentation sans gluten sans intolérance ou maladie cœliaque ?
13% de la population, non cœliaque, auraient supprimé de leur plein gré le gluten de leur alimentation[6]. Si aujourd’hui certains témoignent de bienfaits ressentis, les communautés, scientifiques et médicales, en débâtent encore. Une étude publiée en 2017 met même en évidence un risque plus important de développer des maladies cardiovasculaires[7]. Le régime sans gluten va induire des carences nutritionnelles en fibres, en protéines, en vitamines, en fer, zinc, magnésium, phosphore et potassium, c’est pourquoi il ne doit jamais être commencé sans avis et suivi médical. De plus, une étude récente a démontré que les produits de substitution, comme la fleur de riz, accumulaient les métaux lourds[8] !
Brigitte Jolivet, la présidente de l’Association française des intolérants au Gluten (Afdiag), s’alarme : « Cette mode est assez néfaste, car elle banalise les régimes sans gluten. Les malades ne sont pas toujours pris très au sérieux ».
Finalement ne vaut-il pas mieux privilégier le fait-maison, les aliments frais et non transformés sans oublier de vérifier les compositions des produits achetés ?
Sources
[2] Fasano A & Catassi C. N Engl J Med. 2012 ; 20;367(25):2419-26
[3] Sollid L.M and Lie B.A. Clinical Gastroenterol and hepatology. 2005;3:843–851
[4] Bouziat R et al., Science. 2017 ; 356, 44–50
[5] recommandé par la HAS (Haute Autorité de Santé) et l’ESPGHAN (European Society for Paediatric Gastroenterology Hepatology and Nutrition) [
6] Aziz I et al., Eur J Gastroenterol Hepatol. 2014 Jan;26(1):33-9
[7] Lebwohl B et al., BMJ 2017;357:j1892
[8] Raehsler S.L. et al., Clinical Gastroenterol and Hepatology 2018;16:244–251
Liens utiles
- La campagne « Bien diagnostiquer l’intolérance au gluten» faite par l’Association Française Des Intolérants Au Gluten, AFDIG : http://www.afdiag.fr/campagnes-dinformation/bien-diagnostiquer-lintolerance-au-gluten/
- Groupe d’Étude et de Recherche sur la Maladie Cœliaque : http://www.maladiecoeliaque.com/